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Comment gérer la peur ... (partie I)



Qu'est ce que la peur au juste ? Ses différentes origines :


 Quelques définitions trouvées sur Wikipédia :

« La peur est une émotion ressentie généralement en présence ou dans la perspective d'un danger. » (fr.wikipedia.org/wiki/Peur)
« Crainte, frayeur, émotion pénible produite par l'idée ou la vue d'un danger; S'emploie avec un sens très atténué dans un grand nombre de phrases où il est clair qu'il ne s'agit pas d'une peur véritable. » (fr.wiktionary.org/wiki/peur)

C'est donc, en gros, ce que l'on ressent quand on est en danger, quand on se croit en danger où à l'idée d'être en danger. Je le précise, car dans le cas de l'homme, et du chien, ces trois notions sont essentielles. Il faut aussi comprendre que le mot "danger" à aussi un sens très variable, surtout au niveau de son intensité.

Pour l'homme, le danger est très vaste, cela va du simple quotidien (une habitude ou un confort matériel, affectif...) à la survie pure et simple.

Pour le chien, et la plupart des animaux d'ailleurs, le danger concerne toujours sa survie ou son intégrité physique. Dans la nature, la moindre erreur de jugement peut vous coûter la vie, et cet instinct aigüe de conservation est toujours bien présent chez nos boules de poils domestiquées.

 

La peur de l'inconnu :

Parfois on pense de notre chien qu'il en fait trop (pourquoi panique-t'il alors que ce n'est qu'un bruit de tondeuse à gazon ? Il se cache sous la table pendant un orage, c'est ridicule...), mais réfléchir au pourquoi du comment, et se mettre à sa place, peut vous éclairer à propos de beaucoup de ses comportements.

Je suis une boule de poils de quelques mois à peine. Je ne connais que l'odeur de ma maman et de mes frères et soeurs, et de l'humain qui s'occupe de nous. Je n'ai jamais rien vu d'autre que quatre murs et un sol de béton, et une petite cour en gravier quand j'ai su marcher. On me met sur un sol vert et plein de machins qui dépassent et qui me chatouillent les coussinets... Qu'est ce que c'est ?
Ça mord ? Maman !!! (voilà ce qu'en gros un chiot élevé en chenil peut ressentir quand il est mis directement sur du gazon pour la première fois). Le voir s'affoler dans tous les sens est drôle pour nous. Pour lui, c'est terrifiant. Et ça ne concerne pas que l'herbe, mais tout ce qui l'entoure... (pris à l'extrême, c'est une pathologie appelée « syndrôme du chenil », et là, c'est malheureusement irrécupérable, même si quelques progrès peuvent être faits avec beaucoup de temps et de patience, ou un traitement vétérinaire lourd... on ne peut jamais complètement revenir sur des erreurs faites pendant ces premières semaines de vie . Un chien sur dix élevé en chenil peut souffrir de ça... pendant les quinze longues années de sa vie.)

Quand on a bien fait notre « boulot » en tant qu'éleveur, le jeune chiot à déjà fait pas mal d'expériences avant de sortir du giron de sa mère, des expériences toujours faites progressivement et dans la douceur. Dès que le chiot à peur, on le rassure, et on recommence plus tard... le carrelage, l'extérieur, le béton, le gravier, les escaliers (doucement avec les pattes ! On ne saute pas des marches à six semaines, à six mois non plus d'ailleurs...), les arbres, la pluie, les chats, les enfants, la voiture, le vétérinaire... et j'en passe.

Mais maintenant que le petit est chez vous, vous devez continuer le travail. Le promener dans des environnements différents (ville, mer, campagne, montagne...), le prendre avec vous dans des lieux publics (quand c'est autorisé), le présenter à vos amis, à d'autres chiens (et là un club canin peut s'avérer particulièrement utile, surtout que les éducateurs peuvent se montrer de bon conseil la plupart du temps, l'école du chiot est un outil fantastique pour qui sait l'utiliser...)

Toutefois, il arrivera toujours un moment où quelque chose de nouveau, d'inconnu, surviendra. Et selon sa nature, son caractère si vous voulez, la réaction de votre boule de poils pourra aller de l'indifférence la plus totale à la terreur profonde.

 

Les « violations » de protocole, ou le manque de « politesse canine » des humains :

Il y a certaines peurs ancestrales que les chiens gardent profondément ancrées en eux, malgré des millénaires de domestication : ce qui vient de « au dessus » (les rapaces n'ont jamais dédaigné un petit chiot au souper si le cas se présentait, ce qui vient au dessus cherche à dominer aussi, quand c'est un autre chien...), ce qui rentre trop vite dans notre « espace personnel » (un périmètre fictif qui entoure tout un chacun, même nous, comme une zone de confort, ou « bulle » personnelle si vous voulez)...

Ces instincts en particulier ont entrainé quelques règles simples que les chiens appliquent toujours lors de leurs interactions sociales entre eux, mais aussi avec le reste de leur environnement.

Par exemple, ce qui vient d'au dessus est une menace. Pure et simple. Certains chiens prennent l'habitude que des étrangers viennent leur caresser le dessus de la tête sans les connaître ou sans « se présenter » poliment en les laissant les renifler au préalable (oui, bon toutou, vous voyez, j'adore les chiens, ils sont tous si gentils...).
D'autres régissent à la menace en grognant, fuyant s'ils peuvent... en mordant s'ils ne peuvent fuir (ils sont en laisse ou acculés à un mur). Et là, personnellement, même si la bienséance entre humains voudrait qu'on réprimande sèchement (ou autre...) le chien, j'aurai plutôt tendance à donner raison au quadrupède... Il ne vous viendrait pas à l'idée de tapotter la tête d'un inconnu dans la rue (on vous prendrait pour un fou dangereux...), le chien que vous ne connaissez pas mérite le même respect.

Entre eux, lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois, ils commencent par se jauger de loin, puis se rapprochent, se reniflent (pour s'identifier, c'est vraiment la moindre des politesses, même si un humain n'apprécierait pas vraiment d'être « sniffé » à cet endroit là...), se tournent autour (jamais de face, être face à face les yeux dans les yeux est le summum de la confrontation), font des signaux d'apaisement (je viens en paix, tu vois, je remue la queue, je tire la langue, je baille, je me met de côté...), et en général, sauf causes hormonales ou mauvaise socialisation, les toutous finissent par jouer entre eux et se sauter dessus comme s'ils avaient été copains toute leur vie.

Les humains n'ont pas cette correction là. Ils rentrent dans la « bulle » intime sans y être invités, et on a beau leur montrer qu'on est inquiets (on halète, on baille, on couche les oreilles, queue entre les pattes...), ils ne comprennent pas, ne nous laissent pas les renifler (on ne sent pas cet endroit là voyons, c'est dégoûtant!), et (comble de l'impolitesse) nous grattent la tête, et même parfois nous tripotent à des endroits auxquels on est franchement pas habitués (et là je pense au dur travail des juges sur les rings d'exposition lorsque les chiens ne sont pas « tripotés » régulièrement... je me demande comment ils font pour ne pas se faire mordre plus souvent, sans parler des vétérinaires).

La plupart des chiens s'adaptent à notre incompréhension des signaux canins, ils essaient souvent de les « maximiser » pour qu'on finisse par les voir (l'aboiement intempestif est un bon exemple) et, avec beaucoup de chance, par les interpréter correctement. Quelques individus de la gente canine, toutefois, sont souvent trop jeunes ou inexpérimentés, ou trop nerveux, et peuvent trouver ce genre de situation très stressante. C'est là que la peur s'installe.

 

Les émotions humaines « bizarres » (pour lui) :

Il y a aussi d'autres choses qui peuvent inquiéter le chien. Des situations « non-canines » par exemple, qui sont incompréhensibles pour lui...

Le doute, le mensonge, l'ambivalence... sont des choses qui n'existent pas dans les interactions sociales du chien. Il ressent des émotions « pures », de la joie, de la colère, de la peur... mais pas les trois en même temps ! Les humains par contre...

Pour vous donner un exemple : On promène le chien dans son parc habituel, mais on a une réunion ce matin là et on est 'à la bourre'. On est content de promener son toutou adoré et il fait beau, mais on ne peut s'empêcher de penser à la tête que le directeur va faire quand il va voir que le dossier n'est pas tout à fait complet. Et en plus, votre jupe favorite est encore chez le teinturier, et vous n'avez rien à vous mettre. En gros, vous avez une apparence extérieure plus ou moins détendue, mais intérieurement, ça bout. Ne vous étonnez pas si votre chien ne revient pas tout de suite quand vous l'appelez... tout cela est très certainement très inquiétant pour lui.

Vous me dites « Je n'ai qu'à faire comme si tout allait bien, il ne verra pas la différence. »

Et c'est la première erreur que l'on fait quand on a un toutou chez soi. On interagit avec lui comme avec notre mari, nos parents, nos voisins... mais le chien sait toujours. Et cette façon de fonctionner est toujours très perturbante pour lui.

Les chiens sont capables de voir et de sentir des micro-signaux que nous n'imaginons même pas, et que nous émettons inconsciemment, quelque soit notre maîtrise de nous même et de nos émotions. Il sent les phéromones, voit la moindre dilatation ou rétractation de vos pupilles, détecte la moindre tension musculaire, la plus petite grimace, le moindre changement de posture. Et quand on sait que le langage non-verbal est le plus important en communication canine, on comprend pourquoi.

Il en va de sa survie après tout. Il voit donc tout ce qui se passe autour de lui.

Pour prendre l'exemple le plus fréquent, appeler votre toutou et penser en votre fort intérieur qu'il ne va de toute façon pas revenir... et c'est l'échec assuré. Il sent votre doute, et ça ne lui donne pas envie de se rapprocher de vous.

C'est une des plus courantes manifestations de la peur, et ça commence toujours par les choses les plus insignifiantes...



A suivre ...

Christine COL